Drama queen quitte la scène

Nous vivons nourris d'histoires, nos propres ou celles des autres : les souvenirs du passé ou des projection vers le futur nous remplissent de joie, de nostalgie, parfois de dégoût, de colère... La gamme de couleurs et de nuances est si vaste : autant d'hommes, autant de sensations, d'émotions et d'histoires. 

Les souvenirs réveillent en nous des émotions comme si le film repassait en replay. Tout est si vivant, si réel, même si toutes les scènes ne se passent que dans nos têtes. Le monde mental est très riche, malléable, compulsif, passionnée. Rien à voir avec la réalité qui parfois paraît fade et trop plate. Mon professeur de littérature nous répétait sans cesse, "ce n'est pas la vie qui compte, mais la façon dont tu la racontes, la narration". 

La mélancolie ou la déception du passé, la peur ou l'optimisme du futur, nous aspirent et inspirent. Nous nous complaisons des restes de table du passé ou des carottes que le futur nous tend tandis que la VIE réelle, directe, palpable, nous passe entre les doigts. 

La vie réelle est là, pas de choix ! Elle est là ! Ce qui se passe, se passe et point. Rajouter une étiquette après, classer, organiser, juger, c'est déjà le jeu du mental. Combien d'énergie nous perdons chaque jour à vouloir que ce soit différent ou, au contraire, en nous complaisant de ce qui vient de se passer ? La narration mentale remâche le passé, mais aussi crée de nouveaux mondes, qui n'existent pas encore. 

Et si la Drama queen quittait la scène et se mettait dans le premier rang pour regarder, laissant les acteurs faire leur travail au lieu d'intervenir à chaque fois perturbant la fluidité de représentation. Un espace s'ouvre. Un espace de tous les possibles. 

Nous pouvons nous "entraîner à la vie" en observant le jeu du mental sur le tapis de yoga. La perception directe du corps, de ses sensations, même de pensées, nous ramène inévitablement vers le moment présent, là où le mental perd toute sa puissance. Le mental, cette drama queen n'a pas sa place sur la scène au moment présent. Pas question quand même de la jeter du théâtre, juste la déplacer légèrement pour que le jeu de "je" puisse se faire en toute liberté.